13 Décembre
Lee Krasner (1908-1984), longtemps éclipsée par son mari Jackson Pollock, s’est imposée comme l’une des grandes figures de l’expressionnisme abstrait et du modernisme au XXᵉ siècle. Polar Stampede (1960), une grande huile sur toile de plus de quatre mètres de long, témoigne de cette singularité. Réalisée au sein de la série des Umber Paintings, cette œuvre marque une période de profonde introspection et d’intense production artistique, survenue après la disparition de Pollock en 1956 et celle de la mère de Krasner en 1959. Ces tragédies plongèrent l’artiste dans une solitude déchirante et une insomnie chronique, un état qu’elle transforma en source de création prolifique.
En 1957, Krasner choisit d’investir l’atelier de Pollock dans leur grange de Springs, à East Hampton, près de New York. Elle y développa des œuvres d’un format inédit, clouant d’immenses morceaux de toile libre (non tendue sur un châssis) directement sur les murs. Travaillant principalement la nuit sous lumière artificielle, elle limita sa palette au brun (« umber », ou « terre d’ombre brûlée »), au blanc et au gris, délaissant les couleurs vives. Ce choix répondait à son désir de rester fidèle à son « élan originel », tout en trouvant dans l’ocre une qualité organique et introspective. Son ami, le poète Richard Howard, qualifia cette série de « voyages nocturnes », une description qui reflète parfaitement l’énergie brute et la profondeur psychologique de ces œuvres.
Dans Polar Stampede, les larges coups de pinceau curvilignes et gestuels forment des entrelacs complexes qui évoquent des branches enneigées ou encore la texture d’une fourrure animale. La monumentalité immersive de l’œuvre traduit une vitalité presque primitive, rappelant les peintures pariétales des grottes préhistoriques. Pourtant, Krasner se distingue nettement de Pollock : tandis que celui-ci s’abandonnait à une gestualité viscérale, elle canalisa cet élan dans des compositions maîtrisées et équilibrées, affirmant ainsi une identité artistique unique. La toile devient alors en un champ de tensions dynamiques, oscillant entre chaos et équilibre.
Cette série marqua également une avancée majeure dans la carrière de Lee Krasner. En 1960 et 1962, ses Umber Paintings furent exposées à la Howard Wise Gallery, suscitant un grand succès critique malgré les défis auxquels elle avait été confrontée. En 1973, Krasner déclara : « Ma peinture est tellement biographique, si quelqu’un prend la peine de la lire. » Polar Stampede, comme les autres œuvres de la série, agit comme une véritable catharsis. À travers ces compositions gestuelles et immersives, elle affronte la douleur du deuil, les tensions personnelles et l’héritage artistique écrasant laissé par Pollock. En renouvelant ainsi le langage de l’expressionnisme abstrait, Krasner affirme son rôle de pionnière dans l’histoire de l’art moderne.
Bonjour,
J’aime ces couleurs, l’ocre associé au blanc. Ce tableau m’évoque des envolées d’oiseaux marins dans les neiges du nord. Ici, en Bresse, quand la neige s’étend sur les champs de maïs, on a ce contraste qui me plaît beaucoup. mais on blanc est bien cassé, et un peu plus beige que la neige.
Par rapport à ce tableau, évidemment, la toile du net ne révèle pas la dimension réelle et c’est dommage même quand j’ouvre le tableau sur une autre page. Ce doit être époustouflant en vrai !
Merci
Oh Geneviève, j’ai tout de suite pensé à toi en voyant cette oeuvre ! Tes couleurs, les tourbillons d’émotions qui animent la toile !!!
Merci Geneviève pour ce beau partage !!! 🙂 je serais intéressée de voir vos toiles!
Et oui, l’image ne rend pas justice à l’œuvre, surtout compte tenu de ses dimensions!
Bonjour Charlotte, j’ai effectivement peint avec ces tons une vue de ma fenêtre sur un champ de maïs enneigé avec l’église en fond (aquarelle) que j’ai offert à la mairie ; et une petite interprétation d’un conte que je travaillais : le roi des aulnes (craies et aquarelle), que je vous mets en copie. Mais je ne pratique la peinture que très très occasionnellement, même si j’aime ça ! Mais je suis très engagée par ailleurs. Merci pour vos recherches et vos choix !
Merci beaucoup de m’avoir envoyé une image, c’est super !!! 😀 excusez-moi pour ma réponse tardive!
Merci beaucoup. Passionnantes, toutes vos recherches !
En écho au premier commentaire : je monterais bien dans un avion vers San Francisco pour la voir… Merci de nous faire voyager, Charlotte!
Moi aussi 😉 merci à toi Fabienne!!
Merci pour ces voyages tellement différents dans l’espace et le temps. J’apprends et je me régale!
Un petit clin d’oeil à l’amie Sandrine, qui m’a fait découvrir ce calendrier de l’avant original.
Merci Flore pour ce gentil message, et excusez-moi pour le long délai de réponse 🙂 je suis ravie que le calendrier vous plaise, j’ai beaucoup de plaisir à le créer chaque année.