16 Décembre
Peut-être avez-vous eu l’occasion de visiter l’exposition consacrée à Gustave Caillebotte actuellement au musée d’Orsay ? L’œuvre que nous examinons aujourd’hui, Boulevard Haussmann, effet de neige, n’y est cependant pas exposée. Peint depuis l’appartement au sixième étage du 31 boulevard Haussmann, qu’il partageait alors avec son frère Martial, l’artiste nous offre une vue en plongée sur Paris, en plein hiver. L’œuvre témoigne à la fois de son attachement à la ville moderne et de sa fascination pour les perspectives architecturales. Situé au coin de la rue Gluck, derrière l’Opéra Garnier, cet appartement servit de point de départ à plusieurs œuvres marquantes du peintre, comme L’Homme au balcon ou Un balcon à Paris, qui explorent des variations sur le thème du seuil et du spectacle urbain.
Les bâtiments haussmanniens enneigés, aux lignes géométriques et régulières, forment des lignes de fuite vers l’horizon, tandis que la balustrade du balcon haussmannien en fer forgé, coupe la composition avec une diagonale marquante qui tranche par sa teinte sombre. Les grands travaux de rénovation menés à Paris sous le Second Empire (1853-1870), à l’instigation de Napoléon III et du préfet Haussmann, avaient profondément transformé la capitale. Cette métamorphose, célébrée ici par Caillebotte, reposait sur trois axes majeurs : le développement des équipements collectifs, la création d’une ville bourgeoise et l’édification d’un ensemble urbain et architectural cohérent.
Toutefois, la neige confère une ambiance feutrée au tableau. Le boulevard en contrebas, moins animé que d’ordinaire, est d’ailleurs représenté de manière floue. Les arbres et les personnages sont rendus sommairement, à l’instar des façades, simplifiées au point de devenir des grilles. Les touches hachurées de Caillebotte s’éclaircissent à mesure que la distance augmente, traduisant une perspective atmosphérique et rendant palpable la sensation de froid. Mais l’élément le plus saisissant est sans doute l’épaisse couche de neige accumulée sur la balustrade, rendue par d’audacieux empâtements orangés, violacés et blancs. Ce contraste entre matérialité tactile au premier plan et évanescence des lointains souligne l’habileté de Caillebotte à conjuguer présence et légèreté.
A mille lieues de ses Raboteurs de parquet de 1876, ce tableau révèle une facture rapide et vibrante, évoquant l’approche de Monet ou de Renoir. A la fin des années 1870, Caillebotte s’était laissé séduire par la peinture en plein air, adoptant un style plus proprement impressionniste. Sa palette chromatique reste néanmoins plus réduite que celle de ses amis, tout en témoignant d’une remarquable sensibilité dans le rendu des nuances de la lumière hivernale.
Dans Boulevard Haussmann, effet de neige, Gustave Caillebotte saisit Paris sous un jour inhabituel. Calme, figée dans le froid hivernal, la ville se prête à une contemplation plus intime. Le balcon, structurant la toile, comme une frontière entre l’observateur et la rue, devient alors le témoin privilégié de la modernité et du passage du temps.
J’ai eu la chance de visiter cette très belle exposition. Caillebotte est un peintre qui me touche particulièrement, avec ses scènes parisiennes, ses points de vue inhabituels, sa touche, une peinture toujours très vivante. Merci encore, Charlotte !
Super Elisabeth que vous ayez vu l’expo! Ce qui m’a le plus frappée, ce sont effectivement les effets de texture, ce dont on a du mal à se rendre compte à travers un écran.
J’apprécie les scènes parisiennes.
Merci Charlotte.
L’exposition à Orsay est sublime.
J’y retournerais bien avant la fin !
Ces belles vues si familières ! je suis fan aussi 🙂