1er Décembre
Quelle meilleure manière d’ouvrir ce calendrier de l’Avent qu’avec une Annonciation. Ce passage de la Bible qui ouvre l’histoire de Noël raconte la visite de l’archange Gabriel à la Vierge Marie pour lui annoncer sa grossesse, mais aussi l’informer que cet enfant est le fils de Dieu… il y a de quoi être troublée ! Ce panneau réalisé par Ambrogio Lorenzetti pour le Palais Communal de Sienne vers 1344, rend avec délicatesse le bouleversement de la Vierge face à la nouvelle extraordinaire que lui apporte l’ange.
La composition est remarquablement équilibrée : l’espace est scindé en deux par une colonne centrale, soulignant le face-à-face entre les personnages. De nombreuses originalités iconographiques animent pourtant le panneau. Ambrogio Lorenzetti vêtit l’archange Gabriel d’une somptueuse aube rose, agrémentée de brocards. Agenouillé, il interrompt la Vierge dans sa prière, comme en témoigne le livre ouvert posé sur ses genoux. D’un geste du pouce – assez inhabituel dans une Annonciation – l’ange s’auto-désigne en tant que messager de Dieu. Sa parole est gravée sur le fond doré. Au lieu de la salutation angélique traditionnelle, son énoncé souligne la toute-puissance divine : « Non est impossibile apud deum omne verbum », c’est-à-dire : « Car rien n’est impossible à Dieu ».
La Vierge, quant à elle, tourne son regard vers la colombe du Saint-Esprit envoyée par Dieu, lui-même visible entre les deux arches. Sa réponse apparaît également en lettres gravées : « Ecce ancilla domini », « Voici la servante du Seigneur ». Marie témoigne ainsi de sa disposition à recevoir la parole divine. Enveloppée dans un manteau d’un bleu éclatant, bordé d’un galon doré, elle porte également une boucle d’oreille – ce détail inattendu, sciemment choisi par l’artiste, identifiait les jeunes femmes juives dans le Centre et le Nord de l’Italie depuis le Xe siècle.
Le plus remarquable dans ce tableau est certainement la corrélation entre le sujet et son traitement plastique. En effet, Ambrogio Lorenzetti ne se contenta pas d’illustrer la scène biblique : il souhaitait rendre visible le mystère de l’Incarnation à travers ses recherches autour de la perspective. En effet, les lignes convergentes du pavage au sol guident notre regard des carreaux matériels, tangibles, vers une plage dorée, symbole d’éternité divine. De même, la colonne centrale est ciselée dans le fond doré dans sa partie haute, puis peinte sur le carrelage en partie basse. Par cette matérialité ambivalente, la colonne suggère un espace qui oscille entre le monde sacré et le monde terrestre. Ainsi, la colonne se fait symbole de l’Incarnation du Christ, du divin prenant forme humaine.
Ainsi, on ne peut qu’admirer l’élégance subtile de cette œuvre, où chaque détail amplifie la dimension spirituelle de l’événement.
Une belle ouverture de ce calendrier de l’Avent, et merci pour votre commentaire. 1344 est très ancien! À quelle année la perspective a-t-elle été découverte ou établie dans les oeuvres d’art?
Bonjour Odile et merci pour votre commentaire 🙂
On attribue l’invention de la perspective mathématique (ensuite adoptée dans l’art européen) à l’architecte Filippo Brunelleschi en 1415 alors qu’il travaillait sur le Duomo de Florence! C’est lui qui a théorisé le système des lignes convergeant vers un point de fuite unique pour donner l’illusion de profondeur 🙂 Mais d’autres artistes faisaient déjà des essais plus empiriques avant, comme Lorenzetti ici!
Merci bien, Charlotte
Bonjour Charlotte, et merci cette belle œuvre. J’attends les autres avec impatience !
Merci Geneviève pour votre gentil commentaire! je vous souhaite de belles découvertes !
Très beau début de l’Avent. Merci! Surtout que je n’aurais pas tout vu-compris dans ces explications…
Merci Annick 🙂 c’est magique d’avoir quelques clefs supplémentaires pour rentrer dans l’œuvre!
C’est magnifique, merci
Merci à vous, heureuse que le tableau vous plaise 🙂
Merci Charlotte pour ton analyse si juste
Thank-you Jeanne ❤️