3 Décembre
Cette année, nous avons célébré les 150 ans de la naissance de l’impressionnisme. Aujourd’hui, découvrons l’une des œuvres présentées lors la première exposition du groupe en avril 1874 dans l’atelier du photographe Nadar. Créée l’année précédente par Camille Pissarro, Gelée blanche capture l’essence d’un matin d’hiver dans la campagne de Pontoise, sur l’ancienne route d’Ennery.
Comme nombre de ses camarades impressionnistes, Pissarro choisit de peindre ce paysage en plein-air pour mieux en saisir les effets atmosphériques. Ici, un ciel pâle éclaire la scène d’une lumière matinale rasante qui accentue les lignes et la texture du sol, où les sillons de terre répondent aux ombres allongées de rangées d’arbres situées derrière le peintre, mais invisibles pour le spectateur. Le peintre s’est en effet placé dos au soleil, tout comme le paysan pliant sous le poids de fagots, que l’on voit gravir lentement la colline, en appui sur son bâton. Cette figure, qui incarne le labeur et l’humilité du quotidien rural, s’efface dans le paysage hivernal, comme absorbé par la nature figée qui l’entoure, entre arbres dénudés et meules de foin qui ponctuent l’horizon élevé.
Cherchant à transposer la lumière changeante de l’hiver sur la toile, Pissarro déploya une palette colorée, riche en nuances d’ocre, de bleu, de gris clair, de mauve et de vert. Conformément à l’esthétique impressionniste, Pissarro délaisse le noir à la faveur d’ombres colorées, à rebours de ce qui était enseigné par l’Académie des Beaux-Arts.
La peinture à l’huile est appliquée au couteau, en touches compactes et irrégulières, créant une texture granuleuse qui rend le caractère dense et givré du paysage, de même que la sensation de froid et d’humidité dans l’air. Les choix chromatiques, alliés à sa facture audacieuse de Camille Pissarro, traduisent les dernières traces de gelée qui, malgré le soleil naissant, persistent encore sur la terre dure.
Lorsqu’il exposa ce tableau en 1874, ce tableau suscita des réactions virulentes, notamment de la part du critique Louis Leroy qui écrivit : « Qu’est-ce que c’est que ça ? – Vous voyez, une gelée blanche sur des sillons profondément creusés. – ça des sillons, ça de la gelée ?… Mais ce sont des grattures de palette posées uniformément sur une toile sale. ça n’a ni queue ni tête, ni haut ni bas, ni devant ni derrière. ». D’autres critiques, heureusement, y virent un écho aux toiles de Jean-Baptiste Millet, peintre des célèbres Glaneuses, entre autres.
Gelée blanche illustre la volonté de Camille Pissarro d’exprimer, au-delà du sujet, une vérité visuelle et tactile du paysage qui, loin de tout pittoresque, témoigne d’une beauté ordinaire et d’une humanité simple, rendues éternelles par sa peinture.
Merci Charlotte, pour ces découvertes et commentaires de l’avant/avent. Comment peut-on offrir ce calendrier à des personnes qui l’apprécieraient?
Avec plaisir Marc, merci pour ton retour.
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Merci Charlotte pour ce calendrier. C’est un vrai plaisir, un petit rituel pour soi, de découvrir les oeuvres que tu mets en lumière pour nous. Et puis les regarder dans les détails de tes notes sur les oeuvres… Bravo et merci! Vivement demain.
Merci beaucoup chère Fabienne de ce gentil commentaire 🙂 je suis ravie que cela te plaise!
Quelle finesse d’observation, une belle ouverture d’esprit pour moi. Merci Madame!
Merci beaucoup pour votre gentil commentaire !
Une perspective vers le Printemps bien appréciable 😊
Un de mes mouvements favoris !
Je ne connaissais pas, merci bien.
Les ombres des arbres m’ont troublée au depart mais vos explications m’ont aidé, merci.