7 Décembre
Aujourd’hui, voyageons en Suède avec ce tableau, actuellement exposé au musée du Petit Palais dans le cadre d’une exposition consacrée au peintre Bruno Liljefors qui s’est consacré à révéler la beauté de la nature suédoise. Au sein de la lumière froide qui imprègne la toile, un lièvre est saisi dans un bond furtif, laissant à peine ses empreintes dans la neige immaculée. Son pelage gris-brun se détache du fond, tout en se confondant avec les couleurs de buissons enneigés, tandis que ses yeux pétillants sont rendus avec une touche éclatante.
Né en 1860, Liljefors grandit à Uppsala, au nord de Stockholm, entouré de vastes étendues sauvages. Inscrit en 1879 à l’Académie royale de peinture, il effectua de courts séjours en Allemagne, en Italie puis en France, avant de retourner définitivement en Suède en 1884. Il abandonna les sentiers académiques dans les années 1880 pour se consacrer à la représentation d’animaux dans leur habitat naturel. Cette fascination pour la nature suédoise s’intensifia au début du XXe siècle, période où il créa ses œuvres les plus emblématiques, dont ce lièvre. L’artiste s’immergea alors dans les forêts et les archipels, se cachant pour observer minutieusement ses sujets sans perturber leur quiétude. Cette démarche s’inscrivait dans une quête artistique et scientifique précise. D’une part, il désirait cultiver une familiarité intime avec les animaux : « Ce que je m’efforce de figurer dans mes tableaux animalier », dit-il, « sont les individus mêmes. Je peins des portraits d’animaux ».
Par ailleurs, Bruno Liljefors avait à cœur d’étudier leurs stratégies de survie, à l’instar de ce lièvre, dont le pelage changeait de couleur en hiver pour se camoufler dans la neige. L’absence de ligne d’horizon plonge le spectateur au cœur de la scène. Dans Lièvre d’hiver, la composition place le spectateur à hauteur de l’animal, amplifiant cette impression d’immersion, qui était aussi celle du peintre lui-même, qui n’hésitait pas à construire des affûts ou grimper aux arbres pour contempler ses modèles.
La virtuosité du peintre se ressent également dans son habileté à retranscrire la lumière diffuse du paysage, traduisant à la fois la rudesse et la sérénité des hivers nordiques. La neige « blanche » présente en réalité une myriade de nuances de jaune et de violet – des teintes complémentaires qui, par leur juxtaposition, confèrent une brillance éclatante à la toile.
La vitalité de la toile suscite l’émerveillement du spectateur devant le spectacle de la nature. À l’heure où la sauvegarde de la biodiversité est devenue un enjeu majeur, Liljefors, au-delà de son rôle de chantre de la nature suédoise, nous invite à prendre conscience de l’ensemble du monde vivant dont nous faisons partie.
Merci Charlotte pour cette case qui nous invite à découvrir une exposition en cours actuellement !
Il y aura une autre case en rapport avec une exposition du moment aussi 😉 bon week-end Delphine!
La précision du dessin me plait – comme vous dites, la virtuosité du peintre! Et vos informations sur la façon dont il procédait me font penser aux photographes animaliers de maintenant, des heures et des heures d’observation et d’attente. Merci
Quelle lumière !