5 Décembre
La période de l’Avent est souvent marquée par la convivialité et la gourmandise. Peut-être d’ailleurs lisez-vous ce commentaire avec une boisson chaude 😊. Le chocolat chaud, au cœur de ce tableau de Luis Egidio Meléndez, maître incontesté de la nature morte espagnole, était un breuvage luxueux (car exotique), fortement recherché au XVIIIe siècle. Cette toile fait exception dans l’œuvre de Meléndez, généralement centrée sur des objets simples et ordinaires. La tasse en porcelaine et la grande soucoupe, vraisemblablement originaires d’Extrême-Orient, furent certainement importés par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, illustrant ainsi l’influence des échanges commerciaux sur l’art européen.
Mais l’élément central de la composition est bien la chocolatière, mise en valeur par le fond neutre. Son moussoir forme ligne ascendante qui croise la diagonale du manche, discret mais visible à droite. Devant cet objet emblématique sont disposés une brioche, plusieurs biscuits, dont l’un semble s’être échappé de l’assiette, et une douzaine de médaillons en chocolat, soigneusement répartis sur leur papier d’emballage. Ces derniers évoquent par leur forme celle des fèves de cacao, ingrédient brut utilisé pour préparer l’épaisse boisson chocolatée qui jouissait alors d’une immense popularité. Tandis que le café commençait à s’imposer en France, le chocolat restait de loin la boisson favorite des Espagnols de toutes classes sociales. Même le roi Charles III, malgré son ascendance française, en était un fervent amateur, réclamant souvent une seconde tasse.
Conformément à l’esthétique de l’Âge d’Or espagnol du siècle précédent, la construction du tableau est d’une clarté géométrique remarquable, équilibrant les volumes et juxtaposant des lignes verticales et horizontales, tandis que quelques diagonales viennent dynamiser l’ensemble. Les matières des objets sont rendues avec précision et naturalisme. La lumière danse sur la surface métallique et légèrement irrégulière de la chocolatière – un effet obtenu grâce à des touches de pinceau subtiles et à une maîtrise des empâtements. Les textures – qu’il s’agisse du métal luisant, de la porcelaine lisse ou des biscuits friables – sont traduites avec un réalisme saisissant, mêlant minutie et virtuosité.
Luis Egidio Meléndez consacra toute une série de natures mortes aux desserts et collations d’après-midi. Avec Nature morte au service de chocolat, il transcende l’ordinaire pour créer une œuvre célébrant la vie quotidienne et les traditions culinaires espagnoles, tout en s’inspirant de nouveaux rituels de consommation, nées du commerce international. Ce tableau est une véritable ode au chocolat, à la fois comme produit et comme source d’inspiration artistique.
Miam !
Je suis au thé à l’heure où je lis cette magnifique fenêtre du jour. 😉
La tasse et la chocolatière sont de très beaux objets. J’aime la transcription du quotidien de l’époque des natures mortes. On s’y croirait presque !
Merci encore Charlotte pour ce calendrier de l’Avent.
J’étais sûre que la nature morte te plairait! C’est vrai que cela met l’eau à la bouche, et on a l’impression qu’on pourrait toucher les objets (et les aliments! haha) tant ils sont rendus à la perfection!
Moi aussi j’aime beaucoup ces natures mortes. Celle-ci est très alléchante et les objets magnifiquement représentés. Merci Charlotte pour ces petits bonheurs quotidiens !
Merci Elisabeth pour votre commentaire! c’est une joie pour moi aussi ces partages quotidiens !
Réalisme saisissant, je suis bien d’accord. Merci bien. J’aime beaucoup cette nature morte, … et le chocolat ! 😉
🙂