6 Décembre
Le 6 décembre est l’une des dates les plus attendues de l’année par les enfants en Alsace, dans les pays germaniques mais aussi en Europe du Nord. Selon la Légende dorée, le saint Nicolas, « ancêtre » du Père Noël, était un évêque connu pour sa générosité envers les plus démunis. Il est magnifiquement représenté dans le Polyptyque Quaratesi, réalisé en 1425 par Gentile da Fabriano, à la demande de riches mécènes, les Quaratesi, pour leur chapelle familiale dans l’église de San Niccolò Oltrarno à Florence. Initialement installé sur le maître-autel, le retable resta intact jusqu’en 1830, avant d’être démantelé et dispersé dans diverses collections.
Ces quatre panneaux verticaux, aujourd’hui conservés aux Offices de Florence, illustrent chacun un saint en pied. Ils flanquaient à l’origine le panneau central représentant une Vierge à l’Enfant, aujourd’hui exposée à la National Gallery de Londres. On reconnait sainte Marie-Madeleine avec son pot à onguent, saint Nicolas de Bari en majestueuse tenue d’évêque, saint Jean-Baptiste revêtant une peau de bête et saint Georges le chevalier. Chacun se distingue par la richesse de ses vêtements.
Malgré la division de l’œuvre, une harmonie visuelle persiste grâce au motif floral répété sur le sol de chaque panneau, suggérant un espace continu. Gentile da Fabriano est un maître reconnu du gothique international, et le peintre fut célébré pour la minutie de ses détails colorés et la préciosité de ses matériaux. Toutefois, le volume réaliste des figures, associé à la suggestion de la profondeur par l’obscurcissement progressif du sol témoigne de son évolution artistique sous l’influence de la Renaissance. Cette modernité témoigne de son contact avec des artistes comme Masolino et Masaccio, précurseurs d’un style nouveau. Cette synthèse entre tradition gothique et innovations renaissantes illustre le talent du peintre, qui sut évoluer sans renoncer à l’élégance et la préciosité de son style.
Un exemple saisissant de cette richesse se trouve dans la représentation de saint Nicolas de Bari. Outre sa crosse et sa mitre, sa chape épiscopale ornée d’orfrois (les bandes bordées d’or) est une œuvre d’art en elle-même. Elle illustre six scènes du Nouveau Testament : (de haut en bas) la Nativité, l’Adoration des Mages, la Fuite en Egypte, le Massacre des Innocents, la Présentation au Temple puis le Baptême du Christ. Enfin, notez les trois boules dans la main droite du saint. Ces attributs symbolisent les pommes d’or qu’il offrit, selon la légende, en guise de dot à trois jeunes filles pour les sauver de la prostitution. La dot leur permit de faire un mariage honorable. Ainsi, cette représentation de saint Nicolas, ornée de symboles de son altruisme, résonne particulièrement en cette période de l’année qui met à l’honneur la générosité et la bienveillance.
Bonjour Charlotte. Je vais être casse-pieds (pardon!) mais je suis déçue de ne pas pouvoir zoomer suffisamment dans la photo pour voir avec netteté les scènes sur le vêtement du saint.
Aurais-tu un lien à partager vers une version plus haute résolution de l’œuvre.
Merci pour tes explications du jour, qui sont toujours passionnantes.
Coucou Fabienne! Je comprends, c’est vrai qu’on ne peut pas zoomer beaucoup. Je viens d’ajouter une image avec le détail, cela devrait aider 😉 belle journée!
C’est parfait, merci!
Merci pour vos explications, Charlotte
Avec plaisir, merci pour votre commentaire 🙂