14 décembre
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Châsse représentant la chevauchée et l'Adoration des Mages, vers 1200. Email champlevé sur cuivre doré, crystal de roche, bois, 19,1 x 18,4 x 9,2 cm. Metropolitan Museum of Art, New York.

14 Décembre

Aujourd’hui, retrouvons le récit de la Nativité avec cette châsse réalisée vers 1200. Destinée à conserver des reliques saintes, elle illustre le Voyage et l’Adoration des Mages. Tiré de l’Évangile selon Matthieu (2,1-12), ce passage raconte la venue de sages venus d’Orient pour offrir des présents à l’Enfant Jésus. Ce récit, popularisé en Europe après l’acquisition de reliques des Rois Mages par la cathédrale de Cologne en 1164, inspira de nombreuses œuvres d’art et des liturgies, notamment la fête de l’Épiphanie.

 

Exemple remarquable de l’orfèvrerie médiévale, la châsse présente deux scènes distinctes et complémentaires. Sur le toit, les Mages chevauchent vers Bethléem sur leurs montures à la robe pommelée. Chacun manifeste une attitude différente : le premier désigne avec assurance l’étoile qui les guide, le deuxième est plus réservé, tandis que le troisième se retourne avec hésitation, comme attiré vers son point de départ. Sur le panneau inférieur, les rois présentent leurs offrandes – or, encens et myrrhe – à l’Enfant Jésus, assis sur les genoux de sa mère. Marie, tenant un sceptre fleuri, stabilise son fils qui bénit les Mages d’un geste précoce. Ces derniers, encore chaussés d’éperons, traduisent par leurs attitudes des émotions variées : le premier bondit avec empressement, tandis que les autres s’avancent plus timidement.

 

La châsse fut réalisée en émail champlevé, une technique complexe et prisée à cette époque. Produits en grande quantité dans la région de Limoges à la fin du XII siècle et au XIII siècle, les émaux champlevés ornaient des objets de culte tels que des croix, des livres, ou des reliquaires. L’artisan creusait des alvéoles dans une plaque de cuivre avant de les remplir de poudres de verre colorées, puis les faisait chauffer pour en faire fondre la matière. Après refroidissement, la surface était polie, et les zones non émaillées, où apparaît le cuivre, étaient ciselées de détails puis dorées. Des éléments en relief, comme ici les têtes des personnages, étaient ajoutés pour enrichir la composition. La finesse de l’ornementation et les fonds parsemés de rosettes témoignent du raffinement caractéristique des ateliers limousins.

 

L’iconographie de l’Adoration des Mages répondait à des usages liturgiques précis : dans la région limousine, lors de la célébration de l’Épiphanie, des processions costumées évoquaient les Rois Mages, établissant un parallèle avec l’offrande eucharistique. Par ailleurs, cette scène résonnait avec les traditions courtoises aquitaines et l’ambiance raffinée de la cour des Plantagenêt, ajoutant un accent profane et contemporain à une thématique sacrée. Environ 700 châsses de ce type subsistent actuellement dans des collections publiques. Ces créations raffinées, fruits du savoir-faire exceptionnel des ateliers de Limoges, demeurent des témoignages éloquents de la foi, de l’art et de l’histoire médiévale européenne.

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