15 Décembre
Aujourd’hui, direction le grand Nord ! Ce masque, réalisé à la fin du XIXᵉ siècle, incarne la spiritualité et les croyances des Yup’ik, un peuple autochtone vivant sur la côte ouest de l’Alaska. Il représente un esprit animal – phoque ou loutre de mer vu d’en haut – et témoigne de la relation étroite entre les communautés Yup’ik et leur environnement naturel. Dans ces régions arctiques, les oiseaux, poissons et mammifères marins jouent un rôle essentiel en fournissant nourriture, mais aussi matières premières telles que les huiles, les peaux et l’ivoire).
Selon les croyances Yup’ik, toute chose – être vivant ou objet inanimé – possède un yua, une âme ou une force vitale. Cette vision spirituelle soutient un cycle infini de naissance, mort et renaissance, où humains et animaux cohabitent et interagissent. Les frontières entre le monde tangible et celui des esprits sont floues, et ce masque cérémoniel illustre ces limites fluctuantes. Les Yup’ik matérialisent leur spiritualité à travers des objets rituels comme celui-ci, qui traduit l’interconnexion profonde entre humains et animaux.
Au cœur du masque, le phoque ou la loutre de mer tient un poisson dans sa gueule, scène qui illustre la générosité de l’animal envers le chasseur. Le visage souriant sur le dos de l’animal représente son yua, rappelant que, même abattu, un animal demeure une entité vivante et spirituelle. Les pattes blanches percées de trous circulaires pourraient symboliser des portails entre les mondes, par lesquels les esprits des animaux renaissent, assurant la continuité de la faune. Ce principe de réciprocité est central à la culture Yup’ik : les animaux, par devoir ou par gratitude, se donnent au chasseur qui en retour se doit de les honorer et de les respecter.
Ce masque fut sans doute utilisé lors des festivités hivernales organisées dans le qasgig, la maison communautaire des hommes et centre social et rituel du village. Ces cérémonies, destinées à honorer les esprits des animaux chassés l’année précédente, incluaient des danses masquées où le porteur devenait un intermédiaire avec le monde des esprits. Le cerceau en bois surmontant le masque, appelé ellanguat, symbolise le cosmos et les sphères de l’univers que les chamans peuvent traverser. Il est orné de plumes évoquant des étoiles, des flocons de neige ou encore de l’écume, renforçant l’idée d’un passage entre le monde terrestre et le monde spirituel.
Ce masque transcende ainsi son rôle cérémoniel pour devenir un témoignage de la vision du monde des Yup’ik. Il traduit une spiritualité où la survie physique et spirituelle repose sur un équilibre harmonieux entre les humains, les animaux et les forces surnaturelles, et offre un aperçu fascinant du rapport des hommes à leur environnement dans une région où la nature dicte le rythme de la vie.
Fascinant et très profond.
Thank-you Mummy <3
Belle découverte, merci Charlotte pour ces commentaires qui éclairent la lecture des œuvres choisies.
Merci Delphine, c’est vrai que celle-ci mérite un peu de contextualisation !!
Mon oeuvre préférée de ce calendrier. Merci pour cette découverte et la philosophie qui y est attachée (et à laquelle j’adhère complètement!)
Oh super! merci Fabienne !!