19 Décembre
Frederic Edwin Church (1826–1900) l’une des figures majeures de la peinture américaine au XIXᵉ siècle, réalisa Aurora Borealis en 1865. Cette œuvre spectaculaire, inspirée des récits et croquis de son ami, l’explorateur polaire Isaac Israel Hayes, illustre un moment de tension et d’émerveillement dans les eaux glacées de l’Arctique. Sous un ciel sombre et imposant, le navire de Hayes, le SS United States, est emprisonné dans la glace, tandis que les aurores boréales éclatent en une cascade de lumières spectrales. Un traîneau tiré par des chiens suggère toutefois l’espoir d’un secours face à cet isolement glacial.
Lorsque Hayes revint de son expédition en 1861, les États-Unis étaient plongés dans le tumulte de la guerre civile. Il confia à Church ses croquis pour l’aider à immortaliser cette aventure polaire. À l’époque, les aurores boréales étaient interprétées comme un présage divin, perçu par les partisans de l’Union comme une manifestation de la désapprobation de Dieu envers l’esclavage et la Confédération. Ainsi, Aurora Borealis dépasse le simple paysage pour devenir une œuvre politique, traduisant les espoirs et les craintes d’une nation divisée.
Church ne se contenta pas de reproduire les croquis de Hayes. Il transforma ces éléments en une composition magistrale, dominée par un jeu subtil de lumières et une géométrie cachée. En effet, la règle des tiers guide la scène : l’horizon se situe à un tiers de la base, tandis que le traîneau et la falaise occupent stratégiquement le tiers vertical gauche. De plus, un ovale implicite traverse la toile, encadrant les aurores et relie visuellement les éléments principaux – le navire, le traîneau et la falaise – dans une harmonie arrondie. En outre, un rayon de lumière éclatant dans la moitié droite de l’image apporte une touche d’énergie à cet univers glacial.
À travers ce tableau, Church illustre le rôle grandissant de la peinture de paysage au XIXᵉ siècle. Longtemps relégué au rang de simple décor dans les scènes historiques ou mythologiques, le paysage devint un moyen d’expression autonome et un support de réflexion sur les enjeux sociaux et politiques contemporains. L’école de la Hudson River, dont Church fut une figure emblématique aux côtés de Thomas Cole et Albert Bierstadt, explora des thématiques profondes telles que la force du destin, le caractère sublime de la nature mais aussi, de manière moins évidente, l’identité nationale.
Aujourd’hui conservé au Smithsonian American Art Museum, Aurora Borealis est une œuvre à la fois visuellement saisissante et profondément symbolique. Pourtant, Frederic Edwin Church reste relativement méconnu, même dans son propre pays. À travers des œuvres comme celle-ci, il sut capturer non seulement la beauté de la nature, mais aussi les aspirations et les tourments d’une époque.
Magnifique !
J’ai eu la chance de voir un aurore boréale en Islande. C’est juste « magique ».
Wow! cela devait être magique en effet! c’est génial que le tableau te ramène à de si beaux souvenirs!