23 décembre
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Mark Rothko, Blue and Gray, 1962. Huile sur toile, 193 x 175 cm. Fondation Beyeler, Bâle.

23 Décembre

Aujourd’hui, plongeons dans l’abstraction avec Blue and Gray (1962) de Mark Rothko, une œuvre aux teintes hivernales conservée à la Fondation Beyeler en Suisse. Figure majeure de l’École de New York, Rothko traversa de nombreux styles avant de trouver son langage pictural singulier.

Mark Rothko (1903-1970) concevait l’art comme une quête transcendante. Dès le début des années 1950, il abandonna la figuration et les influences surréalistes pour explorer des compositions de grand format, réduites à l’essentiel : deux ou trois rectangles aux contours flous, agencés avec soin. Progressivement, il limita sa palette, délaissant les couleurs vives pour privilégier des contrastes subtils. Son objectif n’était pas de captiver l’œil du spectateur mais de toucher son âme, au-delà des formes et des mots. Rothko voyait dans ses toiles une dimension spirituelle, et recommandaient qu’elles soient exposées dans des espaces tamisés, de sorte à ce qu’elles puissent rayonner de leur propre lumière.

Dans Blue and Gray, Rothko illustre parfaitement cette démarche. La toile présente deux champs chromatiques : un gris diaphane, presque flottant, et un bleu profond, dense et velouté. Ces deux rectangles semblent vibrer doucement, leurs contours se dissipant dans un fondu délicat. Le contraste subtil entre le voile gris et l’intensité du bleu invite à une expérience visuelle méditative.

L’œuvre s’inscrit dans la branche chromatique de l’expressionnisme abstrait (Colorfield painting), en contraste avec l’abstraction gestuelle d’un Pollock (Action painting). Là où Pollock exprimait un dynamisme frénétique, Rothko cherchait le silence intérieur. Blue and Gray incarne cette quête de pureté émotionnelle : l’absence de narration ou de formes figuratives libère le spectateur, lui offrant un espace d’introspection et d’interprétation personnelle.

Bien que Rothko construise un univers pictural autonome, des parallèles peuvent être établis avec les Nymphéas de Claude Monet, dont un panneau fut acquis en 1955 par le MoMA de New York, notamment dans la dissolution des formes et l’exploration des transitions subtiles entre fond et formes. Comme Monet, Rothko utilisait magistralement la couleur pour capturer des émotions et des sensations intangibles. De même, il nous invite à ralentir et à prendre le temps de s’immerger dans ses variations subtiles.

Pour Rothko, l’essence d’une œuvre résidait dans la relation qu’elle établit avec le spectateur : « Ce que vous ressentez face à une œuvre compte davantage que ce que l’artiste a voulu y mettre. » Avec Blue and Gray, le gris et le bleu deviennent ainsi les messagers d’une expérience intime.

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Juhé geneviève
Juhé geneviève
7 mois il y a

Bonjour Charlotte, en ce jour de deuil national, l’œuvre fait écho et choc pour moi.

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