Calendrier impressionniste – Jour 5
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Calendrier impressionniste - Jour 5 1
Camille Pissarro, Verger en fleurs (Louveciennes), 1872. Huile sur toile, 45.1 x 54.9 cm. National Gallery of Art, Washington.

Camille Pissarro, né en 1830, était l’aîné des impressionnistes mais aussi le plus assidu d’entre eux puisqu’il est le seul à avoir participé à chacune des huit expositions collectives du groupe. Dans le catalogue de 1874, Verger en fleurs, Louveciennes est citée en tête des cinq œuvres envoyées par Pissarro, témoignant vraisemblablement de son importance pour l’artiste.

C’est au printemps 1869 que Camille s’installa avec sa famille à Louveciennes, à trente minutes de Paris. Il y fréquenta Claude Monet, alors établi à Bougival. Leur collaboration se poursuivit à Londres, les deux artistes s’y réfugièrent à compter de juillet 1870 pour fuir la guerre, puis la période troublée du Siège de Paris et de la Commune. Lorsque Pissarro retrouva sa maison à Louveciennes après l’été 1871, il découvrit qu’elle avait été occupée par l’armée prussienne, et que nombre de ses tableaux avaient été détruits. Malgré ces épreuves, il demeura à Louveciennes, se consacrant à capturer les changements subtils de la nature sous l’effet de la lumière. Cette toile, réalisée au printemps 1872, incarne un sentiment d’espoir et de renouveau avec ses arbres fruitiers en fleurs et sa terre fraîchement labourée – un sujet certainement cathartique dans le contexte d’une France en pleine reconstruction.

Pissarro se définissait lui-même comme un disciple de Camille Corot, et Verger en fleurs, Louveciennes illustre bien l’influence du maître. La composition est solidement bâtie autour de lignes horizontales et verticales, mais ces dernières sont légèrement courbes, évitant toute rigidité. Comme Corot, Pissarro nous propose un paysage rural serein, animé par la présence discrète de deux paysans en plein travail – une femme penchée à gauche, un homme debout à droite. Bien qu’infusant de l’activité humaine au paysage, les figures s’insèrent subtilement dans le tableau pour ne pas créer de narration qui détournerait l’attention de la nature.

Ainsi, dans cette scène rurale, sereine et harmonieuse, le temps semble s’arrêter. En ce sens, Pissarro se distingue du caractère rapide et « instantané » des œuvres impressionnistes traitant de la société industrielle et des loisirs de la bourgeoisie urbaine pour nous immerger dans une tranquillité contemplative. Toutefois, le chromatisme et la facture de l’œuvre relèvent bel et bien de l’impressionnisme. En effet, si la douceur des tons et les bruns terreux rappellent encore l’art de Corot, Camille Pissarro applique la peinture avec de petites touches vibrantes, avec des empâtements par endroits – regardez de plus près l’arbre en fleurs à gauche, par exemple.

Et malgré cette invitation à ralentir, le tableau retranscrit une lumière ensoleillée, illustrée par l’ombre colorée du premier plan et, à ce titre, vouée à évoluer au gré de la journée, justifiant ses coups de pinceau rapides et chargés en pigment. Pissarro vendu ce tableau dès le mois de juillet 1872 à Paul Durand-Ruel, le marchand audacieux qui fut l’un des principaux soutiens des impressionnistes et s’évertua à les faire connaître.

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Odile
Odile
8 mois il y a
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Merci, bien d’accord avec l’impression d’un paysage rural serein, et belles teintes de lumiere.

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