Calendrier impressionniste – Jour 13
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Calendrier impressionniste - Jour 13 1
Pierre Auguste Renoir, Bal du moulin de la Galette, 1876. Huile sur toile, 131,5 x 176,5 cm. Musée d'Orsay, Paris.

L’emblématique Bal du Moulin de la Galette de Pierre Auguste Renoir est certainement l’une des œuvres-phare de la troisième exposition impressionniste de 1877.  Peinte entièrement in situ l’année précédente, peintre parvient à synthétiser une abondance de détails et de personnages, tout en préservant une impression de fraîcheur et de légèreté. Le Moulin de la Galette, situé sur la butte Montmartre (annexée à Paris en 1860), était un établissement de divertissement populaire très fréquenté à l’époque.

C’est avec une composition soigneusement construite que Renoir rend l’atmosphère vivante de cette guinguette où l’on pouvait danser, boire et profiter de la compagnie des autres…tout en mangeant des galettes ! Malgré la multitude de personnages, il parvient à maintenir une cohésion visuelle en organisant la toile autour d’une diagonale qui sépare habilement les danseurs et des buveurs attablés. Cette structure spatiale confère à la scène une profondeur et un dynamisme saisissants. En outre, la présence de figures tronquées aux bords du tableau suggère que l’action se prolonge au-delà de la toile, invitant ainsi le spectateur à participer à la fête.

Les personnages représentés dans Le Bal du Moulin de la Galette sont en grande partie des amis et connaissances de Renoir, ce qui confère à l’œuvre une dimension intimiste. Au premier plan se trouvent Estelle et Jeanne Samary, deux sœurs et modèles montmartroises, tout comme Margot, que l’on voit danser plus loin avec le peintre cubain Espagnol Don Pedro Vidal de Solares y Cardenas. Attablés à droite, buvant des verres de grenadine, ont été identifiés les peintres Franc Lamy et Norbert Goneutte, mais aussi et surtout le critique d’art Georges Rivière, représenté un stylo à la main.

Fidèle aux principes fondateurs de l’impressionnisme, le peintre utilise des touches spontanées et vibrantes pour capter la lumière et la foule en mouvement. La palette chromatique est vive, avec une dominance de la teinte bleue, déclinée en turquoise, cobalt, indigo, bleu de Prusse… Evitant l’utilisation du noir, Renoir utilise des nuances sombres pour les valeurs les plus foncées. Les taches de lumière rose, beige et jaune, disséminées sur les vêtements, le sol, ou les joues des personnages, créent un effet de « papillonnement » de la lumière. Celle-ci était pourtant complexe à rendre car à la lumière du plein-air, tamisée par le feuillage des acacias, s’ajoute encore l’effet des lampadaires et globes suspendus au treillage.

Les touches frémissantes reflètent l’effervescence de la scène et permet une mobilité du regard. Dans un élan festif, l’œil passe d’un groupe à l’autre, dansant au son de la musique, des rires ou des clinquements de verres, que l’on imagine aisément. Les associations de couleurs quasi-complémentaires, comme sur les rayures bleues et rose-orangé de la robe au premier plan, ou encore l’ampoule rouge qui se détache contre les feuilles en haut à droite, encouragent encore davantage ces mouvements en attirant l’attention du spectateur.

Le Bal du Moulin de la Galette suscita des critiques négatives en raison de la dissolution des formes qu’il présente. Toutefois, Georges Rivière écrivit : « C’est une page d’histoire, un monument précieux de la vie parisienne, d’une exactitude rigoureuse. Personne avant lui n’avait songé à noter quelque fait de la vie journalière dans une toile d’une aussi grande dimension; […] Que ceux qui veulent faire de la peinture historique fassent l’histoire de leur époque, au lieu de secouer la poussière des siècles passés. ».

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Elisabeth DEWIT
Elisabeth DEWIT
7 mois il y a

Toutes ces oeuvres sont plus belles les unes que les autres ! J’apprécie vraiment celle-ci, tellement vibrante de couleurs, et le commentaire de Georges Rivière est particulièrement bien vu !

Charlotte WILKINS
Administrateur
Répondre à  Elisabeth DEWIT
7 mois il y a

Merci Elisabeth! C’est vrai que c’est un chef-d’oeuvre, tellement célèbre toutefois qu’elle gagne à être regardée attentivement pour aller au-delà du cliché. On a l’impression d’une carte postale d’une autre époque.

Odile Brice
Odile Brice
7 mois il y a
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Et c’est rafraichissant pour moi de regarder cette oeuvre avec de nouvelles pensées apportées par votre commentaire, Charlotte, car cette a été tellement divulguée. En particulier, l’effet « couverture de boites de chocolats » car, j’ai un souvenir quand j’étais petite, de voir des peintures de Renoir sur ces boites qu’on offrait aux institutrices…

Charlotte WILKINS
Administrateur
Répondre à  Odile Brice
7 mois il y a

Tout à fait! comme je disais à Elisabeth, les oeuvres très célèbres méritent d’être vues un peu différemment car c’est difficile d’aller au-delà du côté boite de chocolats, en effet !!

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