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L’histoire de Pâques illustrée par l’art
Temps de lecture : 17 minutes

Pâques, célébrée chaque année par les Chrétiens, s’appuie sur plusieurs récits bibliques qui racontent une succession d’événements qui se seraient déroulés sur une semaine de temps. Au-delà du récit des Évangiles, le sujet est celui, plus universel, de la renaissance après la mort, intrinsèquement lié à la saison du printemps. Explorons ensemble l’histoire de Pâques, de façon chronologique, les différents épisodes de la semaine pascale, une source iconographique qui a inspiré de très nombreux artistes. 

Dimanche des Rameaux: L'entrée de Jésus à Jérusalem

histoire de pâques 
Giotto, L'Entrée du Christ à Jérusalem, 1303-1306. Fresque, 200 x 185 cm. Eglise de l'Arena à Padoue.

Les Chrétiens nomment Semaine sainte la semaine avant Pâques. Elle s’ouvre avec le Dimanche des Rameaux. Cette journée commémore l’entrée de Jésus dans la ville de Jérusalem à l’approche de la Pâque juive, ou Pessah. Giotto représente le Christ porté par une ânesse et accueilli par une foule en liesse agitant des rameaux de palmier et jonchant le chemin de ses manteaux.

« Ceux qui précédaient et ceux qui suivaient Jésus criaient: “Hosanna au Fils de David! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur! Hosanna dans les lieux très hauts !” 
Lorsqu’il entra dans Jérusalem, toute la ville fut troublée. On disait: “Qui est cet homme?” La foule répondait: “C’est Jésus, le prophète de Nazareth en Galilée.”
 »

L’Évangile selon saint Matthieu (21: 9-11) 

Lundi saint: Jésus chassant les Marchands du Temple

easter
Quentin Metsys, Le Christ chassant les vendeurs du temple, XVIe siècle. Huile sur panneau, 39 cm x 50 cm. Musée royal des Beaux-Arts d'Anvers.

Le lendemain de son arrivée dans la ville de Jérusalem, Jésus se rendit au Temple d’Hérode. Très en colère à la vue des marchands qui occupaient le lieu de prière à des fins commerciales, il les chassa du sanctuaire avec un fouet. Il s’agit de l’un des rares épisodes où Jésus se montre impulsif et violent.

« Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple, ainsi que les brebis et les bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes : “Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce.” Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit : L’amour de ta maison fera mon tourment. Des Juifs l’interpellèrent : “Quel signe peux-tu nous donner pour agir ainsi ?” Jésus leur répondit : “Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai”. »

Évangile selon saint Jean (2: 13-20).

Mercredi saint: Judas reçoit de l'argent pour trahir Jésus

L’histoire de Pâques illustrée par l'art 1
Duccio di Buoninsegna, Le Pacte de Judas, 1308-1311. Tempera sur bois, 50 x 53 cm. Musée de l'Œuvre de la Cathédrale, Sienne.

La journée du mercredi semble avoir été consacrée au repos après deux jours d’enseignements délivrés à Béthanie par Jésus à ses apôtres. L’un de ces derniers, toutefois, prit contact avec les prêtres pour organiser sa trahison: Judas prévit de livrer Jésus aux autorités juives qui cherchaient à l’éliminer.

« En ce temps-là, l’un des Douze, nommé Judas Iscariote, se rendit chez les grands prêtres et leur dit : “Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ?” Ils lui remirent trente pièces d’argent. Et depuis, Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer. » 

Évangile selon saint Matthieu (26: 14-25)

Jeudi saint: Jésus demandant à Pierre et Jean de préparer les festivités de Pessah

Le jour de la Pâque juive, Jésus demanda à ses deux apôtres Pierre et Jean de partir trouver un lieu pour célébrer le repas festif de la Pâque juive. Cette scène mineure est assez rarement représentée dans l’histoire de l’art.

« Cependant arriva le jour des Azymes, où il fallait immoler la pâque. Et Jésus envoya Pierre et Jean, en disant: Allez, et préparez-nous la pâque, afin que nous la mangions“. »

Évangile selon saint Luc (22: 1-8)

L’histoire de Pâques illustrée par l'art 2
Vincenzo Civerchio, Jésus demandant à Pierre et Jean de préparer les festivités de la Pâque, 1504. Tempera sur panneau, 23,8 x 19.5 cm. National Gallery of Art, Washington D. C.

Jeudi saint: La Cène

L’histoire de Pâques illustrée par l'art 3
Léonard de Vinci, La Cène, 1495-1498. Fresque, tempera sur gesso, 460 × 880 cm. Église Santa Maria delle Grazie, Milan.

Lors du repas de Pessah, Jésus annonça à ses douze apôtres sa mort prochaine, de même que sa trahison par l’un d’entre eux. Il les invita également à consommer du pain, symbolisant son corps, et du vin, représentant le sang versé.

« Ses disciples partirent, arrivèrent à la ville et trouvèrent tout comme il le leur avait dit, et ils préparèrent la Pâque. Le soir venu, il s’y rendit avec les douze. Pendant qu’ils étaient à table et qu’ils mangeaient, Jésus dit:  “Je vous le dis en vérité, l’un de vous, qui mange avec moi, me trahira.
Ils devinrent tout tristes et lui dirent l’un après l’autre: “Est-ce moi?” Il leur répondit: “C’est l’un des douze, celui qui met la main dans le plat avec moi. Le Fils de l’homme s’en va conformément à ce qui est écrit à son sujet, mais malheur à l’homme par qui le Fils de l’homme est trahi! Mieux vaudrait pour cet homme qu’il ne soit pas né.”
Pendant qu’ils mangeaient, Jésus prit du pain et, après avoir prononcé la prière de bénédiction, il le rompit et le leur donna en disant: “Prenez, [mangez,] ceci est mon corps.” Il prit ensuite une coupe et, après avoir remercié Dieu, il la leur donna et ils en burent tous. Il leur dit: “Ceci est mon sang, le sang de la [nouvelle] alliance, qui est versé pour beaucoup. Je vous le dis en vérité, je ne boirai plus jamais du fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai nouveau dans le royaume de Dieu.”»

Évangile selon saint Marc (14, 16-25).

La célèbre fresque de Léonard de Vinci montre Jésus attablé avec ses douze apôtres. Ces derniers semblent tous choqués et émus de l’annonce de la trahison prochaine. On reconnaît Judas sur la gauche, accoudé sur la table et en retrait. Son visage est dans l’ombre et il tient dans sa main une bourse contenant l’argent reçu la veille…


Jeudi saint: La Prière au mont des Oliviers

L’histoire de Pâques illustrée par l'art 4
Andrea Mantegna, L'Agonie dans le jardin, vers 1455-1456. Tempera sur panneau, 63 × 80 cm. National Gallery, Londres.

Après le repas, le Christ et ses apôtres se rendirent à Gethsémané, en périphérie de la ville de Jérusalem, pour prier au mont des Oliviers.

Lorsqu’il fut arrivé à cet endroit, il leur dit: “Priez pour ne pas céder à la tentation.” Puis il s’éloigna d’eux à la distance d’environ un jet de pierre, se mit à genoux et pria en disant: “Père, si tu voulais éloigner de moi cette coupe! Toutefois, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne.” 
[Alors un ange lui apparut du ciel pour le fortifier. Saisi d’angoisse, Jésus priait avec plus d’insistance, et sa sueur devint comme des caillots de sang qui tombaient par terre.] Après avoir prié, il se releva et vint vers les disciples, qu’il trouva endormis de tristesse. Alors il leur dit: “Pourquoi dormez-vous? Levez-vous et priez pour ne pas céder à la tentation.”

Évangile selon saint Luc (22: 40-46)

Le peintre Andrea Mantegna représente bien des anges apparaissant à Jésus pour lui présenter les instruments de la Passion. A ses pieds, les saints Pierre, Jacques et Jean, censés prier, se sont assoupis. Pendant ce temps, une armée de soldats, menés par Judas, s’avancent vers Jésus.

Jeudi saint: La Trahison de Jésus

L’histoire de Pâques illustrée par l'art 5
Ugolino di Nerio, La Trahison du Christ, vers 1325-8. Tempera à l’œuf sur bois de peuplier, 40.4 x 58.8 cm. National Gallery, Londres.

Ugolino di Nerio dépeint, dans ce tableau, le fameux Baiser de Judas qui permit aux soldats de reconnaître Jésus de Nazareth.

« [Jésus] parlait encore quand Judas, l’un des douze, arriva avec une foule nombreuse armée d’épées et de bâtons, envoyée par les chefs des prêtres et par les anciens du peuple. Celui qui le trahissait leur avait donné ce signe: “L’homme auquel je donnerai un baiser, c’est lui. Arrêtez-le!” Aussitôt, il s’approcha de Jésus en disant: “Salut, maître!”, et il l’embrassa. Jésus lui dit: “Mon ami, ce que tu es venu faire, fais-le.” 

Alors ces gens s’avancèrent, mirent la main sur Jésus et l’arrêtèrent. Un de ceux qui étaient avec Jésus mit la main sur son épée et la tira; il frappa le serviteur du grand-prêtre et lui emporta l’oreille. Alors Jésus lui dit: “Remets ton épée à sa place, car tous ceux qui prendront l’épée mourront par l’épée. Penses-tu que je ne puisse pas faire appel à mon Père, qui me donnerait à l’instant plus de douze légions d’anges? Comment donc s’accompliraient les Ecritures, d’après lesquelles cela doit se passer ainsi ?” »

Évangile selon saint Matthieu (26: 47-54)

Sur la gauche, on peut reconnaître saint Pierre coupant l’oreille de Malchus, serviteur du Grand Prêtre Caïphe, même s’il semble ici utiliser une lame de rasoir davantage qu’une épée.

Soir du Jeudi saint et matin du Vendredi saint: Le Procès de Jésus

L’histoire de Pâques illustrée par l'art 6
Albrecht Dürer, Jésus devant Caïphe, vers 1508. Gravure sur bois, 12.7 x 9.7 cm. Metropolitan Museum of Art, New York.
L’histoire de Pâques illustrée par l'art 7
José de Madrazo y Agudo, Jésus devant Anân, 1803. Huile sur toile, 176 x 226 cm. Museo del Prado, Madrid.

Les trois évangiles synoptiques (des saints Matthieu, Marc et Luc) racontent que le lendemain de son arrestation, Jésus fut présenté à différents représentants des autorités juives pour décider de son sort. Albrecht Dürer montre Jésus, les mains liées, mené par deux sbires devant Caïphe, que nous venons de mentionner:

« Ceux qui avaient arrêté Jésus l’emmenèrent chez le grand-prêtre Caïphe, où les spécialistes de la loi et les anciens étaient rassemblés. Pierre le suivit de loin jusqu’à la cour du grand-prêtre, y entra et s’assit avec les serviteurs pour voir comment cela finirait. Les chefs des prêtres, [les anciens] et tout le Sanhédrin cherchaient un faux témoignage contre Jésus afin de le faire mourir, mais ils n’en trouvèrent pas, quoique beaucoup de faux témoins se soient présentés. »

Évangile selon saint Matthieu (26: 57-60) 

Le récit de saint Jean, en revanche, ne mentionne pas ce conseil mais raconte que Jésus fut interrogé par Anân, un ancien Grand prêtre de Jérusalem, avant d’être envoyé devant Caïphe. L’iconographie des deux œuvres met en avant l’attitude résignée de Jésus face à sa condamnation, qui semble avoir été prononcée pour blasphème.

Matin du Vendredi saint: Le reniement de saint Pierre

L’histoire de Pâques illustrée par l'art 8
Gerard Seghers, Le Reniement de saint Pierre, vers 1620-1625. Huile sur toile, 157.5 x 227.3 cm. North Carolina Museum of Art.

Pendant le procès, l’apôtre Pierre se vit interrogé et accusé d’être le disciple de Jésus. Ne souhaitant vraisemblablement pas être associé à un scandale, il nia le connaître. 

« Une servante qui l’avait vu assis devant le feu et l’avait observé dit: “Cet homme aussi était avec lui.” Mais il le renia en disant: “Femme, je ne le connais pas.” Peu après, un autre le vit et dit: “Toi aussi tu fais partie de ces gens-là.” Et Pierre dit à l’homme: “Je n’en fais pas partie.” Environ une heure plus tard, un autre insistait, disant: “Certainement cet homme était aussi avec lui, car il est galiléen.” Pierre répondit: “Je ne sais pas de quoi tu parles.” Immédiatement, alors qu’il parlait encore, un coq chanta. Le Seigneur se retourna et regarda Pierre. Pierre se souvint alors de ce que le Seigneur lui avait dit: “Avant que le coq chante [aujourd’hui], tu me renieras trois fois.”

Évangile selon saint Luc (22: 56-61)

Dans un style ténébriste, le peintre hollandais Gerard Seghers représente Pierre sur la gauche, au milieu d’une femme et d’un soldat. L’attitude de l’apôtre est clairement défensive, tandis qu’un groupe d’hommes se détournent de leur jeu de cartes pour écouter l’échange.

Matin du Vendredi saint: Ecce homo - le Christ devant Pilate et la Flagellation

L’histoire de Pâques illustrée par l'art 9
Antonello de Messine, Le Christ à la colonne, 1476-1478. Huile sur bois, 30 × 21 cm. Musée du Louvre, Paris.
L’histoire de Pâques illustrée par l'art 10
Antonio Ciseri, Ecce Homo, 1891. Huile sur toile, 292 x 380 cm. Galleria dell'Arte Moderna, Palazzo Pitti, Florence.

Les autorités juives n’étant pas habilitées à condamner Jésus à mort, ce dernier fut mené auprès de Ponce Pilate. Après l’avoir interrogé, le gouverneur romain de Judée ne trouva aucune raison d’exécuter cette peine. Il se contenta de le faire flageller, ce dont Antonello de Messine livre une représentation bouleversante de réalisme. Par la suite, Pilate présenta, depuis son prétoire,  Jésus, à la foule qui réclamait sa crucifixion. 

« Les soldats tressèrent une couronne d’épines qu’ils posèrent sur sa tête et lui mirent un manteau de couleur pourpre. Puis, [s’approchant de lui] ils disaient: “Salut, roi des Juifs!” et ils lui donnaient des gifles. Pilate sortit de nouveau et dit aux Juifs: “Voilà, je vous l’amène dehors afin que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun motif de le condamner.” Jésus sortit donc, portant la couronne d’épines et le manteau de couleur pourpre. Pilate leur dit: “Voici l’homme.” 

Lorsque les chefs des prêtres et les gardes le virent, ils s’écrièrent: “Crucifie-le! Crucifie-le!” Pilate leur dit: Prenez-le vous-mêmes et crucifiez-le, car pour ma part, je ne trouve en lui aucun motif de le condamner.” Les Juifs lui répondirent: “Nous avons une loi et, d’après notre loi, il doit mourir parce qu’il s’est fait Fils de Dieu”.»

Évangile selon saint Jean (19: 1-7)

Antonio Ciseri montre ainsi Pilate de dos, désignant le Christ en prononçant la célèbre phrase “Ecce homo”, se dédouanant ainsi de toute responsabilité quant à son sort. L’expression latine désigne également, en iconographie, toute image dévotionnelle de Jésus couronné d’épines.  

Matin du Vendredi saint: Le Portement de Croix

L’histoire de Pâques illustrée par l'art 11
Raphaël, Le Portement de Croix, 1516-1517. Huile sur bois transférée sur bois, 318 × 229 cm. Musée du Prado, Madrid.

Après sa condamnation à mort, le Christ dut transporter sa croix jusqu’au lieu de sa Crucifixion: 

« Jésus, portant sa croix, sortit de la ville pour aller vers l’endroit appelé “le Crâne”, qui se dit en hébreu Golgotha»

« Tandis qu’ils l’emmenaient, ils s’emparèrent d’un certain Simon de Cyrène, qui revenait des champs, et ils le chargèrent de la croix pour qu’il la porte derrière Jésus. »

Évangile selon saint Jean (19: 17) et Évangile selon saint Luc (22: 26)

Sur ce chef-d’œuvre du peintre Raphaël, Simon de Cyrène est représenté au-dessus de Jésus. Ce dernier, pliant sous le poids de la Croix, tourne le regard vers sa mère, la Vierge Marie, qui lui tend les bras dans un spasme de douleur. Elle est entourée d’autres figures saintes, dont sans doute Marie Madeleine, Marie Jacobé et Marie Salomé.

L’histoire de l’art a retenu quatorze stations du Chemin de croix. Parmi les scènes les plus fréquemment représentées, on peut également citer la rencontre du Christ avec sainte Véronique, ou avec les femmes de Jérusalem.

Après-midi du Vendredi saint: La Crucifixion

L’histoire de Pâques illustrée par l'art 12
Diego Velázquez, Le Christ crucifié, vers 1632. Huile sur toile, 248 x 169 cm. Musée du Prado, Madrid.
L’histoire de Pâques illustrée par l'art 13
Karel Dujardin, Le Calvaire, 1661. Huile sur toile, 97 x 84 cm. Musée du Louvre, Paris.

La mise à mort de Jésus marque l’aboutissement de la Passion du Christ. Si le terme dcrucifixion désigne spécifiquement l’exécution de Jésus, l’exécution par crucifiement était considérée comme infamante. La violence extrême de ce long supplice en fit une image forte, fréquemment représentée dans l’histoire de l’art. Pour les Chrétiens, elle cristallise la souffrance et le sacrifice fait par Jésus Christ qui, par ce geste, aurait lavé l’humanité de ses péchés.

Le Christ crucifié de Diego Velázquez montre une image sobre dont l’inscription en partie supérieure reprend le témoignage de saint Jean, tandis que de nombreuses représentations se limitent aux initiales INRI, d’après le latin Iesvs Nazarenvs, Rex Ivdæorvm : 

« Pilate rédigea aussi un écriteau qu’il plaça sur la croix; il y était écrit: “Jésus de Nazareth, le roi des Juifs”Beaucoup de Juifs lurent cette inscription parce que l’endroit où Jésus fut crucifié était près de la ville. Elle était écrite en hébreu, en grec et en latin. »

Évangile selon saint Jean (19: 19-20)

La toile de Karel Dujardin offre un point de vue plus éloigné, montrant le Christ en Croix est flanqué du bon et du mauvais larron:

« Lorsqu’ils furent arrivés à l’endroit appelé «le Crâne», ils le crucifièrent là ainsi que les deux malfaiteurs, l’un à droite, l’autre à gauche. »
Évangile selon saint Luc (23: 33)

La scène a un rendu plus dramatique car, outre la présence de nombreux protagonistes, dont la Vierge et un groupe de femmes au pied de la Croix, le ciel est sombre et orageux, conformément au récit de saint Luc:

« C’était déjà presque midi, et il y eut des ténèbres sur tout le pays jusqu’à trois heures de l’après-midi. »
Évangile selon saint Luc (23: 44)

Soir du Vendredi saint: La Déposition du Christ

L’histoire de Pâques illustrée par l'art 14
Jean Jouvenet, La Descente de croix, 1697. Huile sur toile, 424 x 312 cm. Musée du Louvre, Paris.

La thématique de la Déposition, ou de la Descente de croix, donna lieu à de nombreuses œuvres d’art, notamment puisqu’elle permettait de créer des compositions très sophistiquées.

« Après cela, Joseph d’Arimathie, qui était disciple de Jésus, mais en secret par crainte des chefs juifs, demanda à Pilate la permission d’enlever le corps de Jésus. Pilate le lui permit. Il vint donc et enleva le corps de Jésus. Nicodème, l’homme qui auparavant était allé trouver Jésus de nuit, vint aussi. Il apportait un mélange d’environ trente kilos de myrrhe et d’aloès. »

Évangile selon saint Jean (19: 38)

Dans ce tableau monumental, le peintre Jean Jouvenet montre cinq hommes descendant le Christ de la Croix, dont sans doute Nicodème. Quant à Joseph d’Arimathie, il se trouve au pied de la Croix et déplie un linceul avec saint Jean. Au premier plan, une bassine remplie d’eau ensanglantée et quatre clous rappellent la violence de la mort du Christ.

La Lamentation / La Pietà

L’histoire de Pâques illustrée par l'art 15
Michel-Ange, Pietà, 1499. Marbre, 174 × 195 × 69 cm. Basilique Saint-Pierre de Rome, Vatican.

Bien que non évoqué dans les évangiles, le thème iconographique de la Déploration ou de la Lamentation sur le corps du Christ s’est imposé à compter du Moyen Âge. Le sujet de la Vierge de Piété, ou Pietà, en est un thème dérivé. Si la peinture de Jean Jouvenet montrait la Vierge éplorée, dans l’ombre sur la gauche de la Croix, Michel-Ange en fit le thème central de sa sculpture

Cette représentation très intime, rend palpable la mort du Christ. L’artiste réussit à rendre la lourdeur du corps sans vie de Jésus, soutenu avec dignité par sa mère qui le regarde et semble présenter le sacrifice de son fils au spectateur.

 

 

Soir du Vendredi saint: La Mise au tombeau

L’histoire de Pâques illustrée par l'art 16
Ligier Richier, Le Sépulcre ou Mise au tombeau, 1554-1564. Pierre de Saint-Mihiel, 180 × 325 × 163 cm. Eglise Saint-Etienne, Saint-Mihiel.

Une fois descendu de la Croix,  le corps du Christ fut inhumé à proximité du lieu de sa crucifixion: 

« Ils prirent donc le corps de Jésus et l’enveloppèrent de bandelettes, avec les aromates, comme c’est la coutume d’ensevelir chez les Juifs. Or, il y avait un jardin à l’endroit où Jésus avait été crucifié, et dans le jardin un tombeau neuf où personne encore n’avait été mis. Ce fut là qu’ils déposèrent Jésus parce que c’était la préparation de la Pâque des Juifs et que le tombeau était proche. »

Évangile selon saint Jean (19: 39-41)

Dans ce groupe sculpté de Ligier Richier comprenant treize figures, les détails fourmillent. La Vierge est en pâmoison: elle s’évanouit de douleur, soutenue par deux autres personnages. On retrouve Nicodème et Joseph d’Arimathie soutenant le corps du Christ, tandis que Marie Madeleine, identifiable grâce à son pot à onguent, s’apprête à baiser les pieds de Jésus. A droite, une femme porte avec délicatesse la Couronne d’épines, tandis qu’à l’arrière plan, deux hommes, indifférents à la scène, jouent aux dés pour remporter la tunique du Christ.

Samedi saint: La Descente dans les Limbes

L’histoire de Pâques illustrée par l'art 17
Jan Brueghel l'Ancien, La Descente du Christ aux limbes, 1594. Huile sur cuivre, 25.2 x 34.7 cm. Galleria Colonna, Rome.

Selon certaines sources, le Christ serait descendu aux Enfers entre sa Mise au tombeau et sa Résurrection. Dans les écrits canoniques, seule la première épître de saint Pierre évoque que Jésus « est allé prêcher aux esprits en prison » (3:19). Cette mention fut développée dans le Symbole des apôtres au IIe siècle:

« [Il] a été crucifié, [Il] est mort, [Il] a été enseveli, [Il] est descendu aux enfers ; le troisième jour, [Il] est ressuscité des morts »

Le récit apocryphe (non reconnu par l’église) appelé Évangile de Nicodème évoque également cet épisode. Mais l’histoire de l’art a largement contribué à renforcer cette tradition. L’interprétation qu’en fait Jan Brueghel l’Ancien dépeint une vision effrayante des enfers, pleine d’âmes perdues torturées par des démons. La figure de Jésus Christ apparaît dans un halo de lumière qui attire le regard du spectateur. Il tend la main à l’une de ces âmes, tandis que derrière lui se tiennent Adam et Eve. La présence de ces derniers, nus de surcroît (donc rétablis à leur innocence primordiale, semble indiquer le rachat par Jésus du Péché original.    

Dimanche de Pâques: La Résurrection et les Femmes au Tombeau

L’histoire de Pâques illustrée par l'art 18
Fra Angelico, La Résurrection du Christ et Femmes au tombeau, 1440. Fresque, 181 x 151 cm. Couvent San Marco, cellule 8, Florence.

Le dimanche, jour de Pâques, célèbre pour les Chrétiens la Résurrection du Christ. Selon la Bible, les premiers témoins de ce miracle furent les saintes femmes venues embaumer le corps du Christ. 

« Le dimanche, [des femmes qui étaient venues de la Galilée avec Jésus] se rendirent au tombeau de grand matin [avec quelques autres] en apportant les aromates qu’elles avaient préparés. »

Évangile selon saint Luc (24: 1)

La fresque, peinte par Fra Angelico pour le Couvent San Marco, et complétée par son disciple, Benozzo Gozzoli, montre le groupe de femmes, tenant des pots à onguent, fort étonnées de découvrir un tombeau vide.  

« Soudain, il y eut un grand tremblement de terre, car un ange du Seigneur descendit du ciel, vint rouler la pierre [de devant l’ouverture] et s’assit dessusIl avait l’aspect de l’éclair et son vêtement était blanc comme la neige. Les gardes tremblèrent de peur et devinrent comme morts, mais l’ange prit la parole et dit aux femmes: “Quant à vous, n’ayez pas peur, car je sais que vous cherchez Jésus, celui qui a été crucifié. Il n’est pas ici, car il est ressuscité, comme il l’avait dit.

 Venez voir l’endroit où le Seigneur était couché et allez vite dire à ses disciples qu’il est ressuscité. Il vous précède en Galilée. C’est là que vous le verrez. Voilà, je vous l’ai dit”

Évangile selon saint Matthieu (28: 2-7)

 Au sommet de la composition, l’image de Jésus apparaît dans une mandorle (forme d’amande qui encadre la figure). Dans sa main, il tient l’étendard de la victoire avec la Croix de saint Georges. 

Dimanche de Pâques: Le Christ et Marie Madeleine au jardin des oliviers

L’histoire de Pâques illustrée par l'art 19
Titien, Noli me tangere, vers 1512. Huile sur toile, 109 x 91 cm. National Gallery, Londres.

Selon saint Jean, Jésus ressuscité apparut à Marie Madeleine dans le Jardin des Oliviers de Gethsémané. Elle fut interrompue dans ses pleurs:

« Jésus lui dit: “Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ?” Pensant que c’était le jardinier, elle lui dit: “Seigneur, si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis et j’irai le prendre.” Jésus lui dit: “Marie!” Elle se retourna et lui dit en hébreu: “Rabbouni!”, c’est-à-dire maître. Jésus lui dit: Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père, mais va trouver mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu”. »

Évangile selon saint Jean (20: 15-17)

Dans ce chef-d’œuvre, le maître vénitien Titien montre la Madeleine tentant d’étreindre Jésus tandis que ce dernier se dérobe. L’attention du spectateur se porte sur le jeu de regards et de gestes entre les deux figures, mis en valeur par le paysage à l’arrière-plan. Ce thème iconographique est appelé “Noli me tangere“, d’après la traduction latine des paroles qu’aurait prononcées Jésus. 

Dimanche de Pâques: Les Pèlerins d'Emmaüs

L’histoire de Pâques illustrée par l'art 20
Rembrandt, Les Pèlerins d’Emmaüs (Le Souper à Emmaüs), 1648. Huile sur panneau d'acajou, 68 cm x 65 cm. Musée du Louvre, Paris.

Selon saint Luc, Jésus apparut également à deux disciples quittant Jérusalem pour se rendre vers Emmaüs. Après les avoir rattrapés pour marcher à leurs côtés, il leur aurait demandé la cause de leur tristesse et les aurait écouter raconter leur détresse après mort du « grand prophète Jésus de Nazareth ». A l’approche du village d’Emmaüs, le Christ aurait tenté de s’éloigner, mais ils l’invitèrent à rester près d’eux, compte tenu de l’approche de la nuit.

« Pendant qu’il était à table avec eux, il prit le pain et, après avoir prononcé la prière de bénédiction, il le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent, mais il disparut de devant eux. Ils se dirent l’un à l’autre: “Notre cœur ne brûlait-il pas en nous lorsqu’il nous parlait en chemin et nous expliquait les Ecritures?”

Évangile selon saint Luc (24: 30-34)

Rembrandt représenta souvent le sujet du souper à Emmaüs. Ici, Jésus rompt le pain, ce qui correspond à l’apogée de l’intensité dramatique de la scène, soit le moment de révélation pour les deux pèlerins. L’usage du clair-obscur confère un rayonnement mystérieux à la figure du Christ, tout en renforçant l’impression miraculeuse de la scène.

Le dimanche après Pâques: L'Incrédulité de saint Thomas

L’histoire de Pâques illustrée par l'art 21
Le Caravage, L’Incrédulité de saint Thomas, vers 1603. Huile sur toile, 107 × 146 cm. Bildergalerie, Palais de Sanssouci, Potsdam.

Toujours selon saint Luc, les deux disciples d’Emmaüs retournèrent à Jérusalem pour informer les apôtres de la Résurrection… Alors qu’ils leur racontaient ce qu’ils avaient vu, Jésus lui-même apparut soudainement auprès d’eux.

« Thomas appelé Didyme, l’un des douze, n’était pas avec eux lorsque Jésus vintLes autres disciples lui dirent donc: “Nous avons vu le Seigneur”. Mais il leur dit: “Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je n’y mets pas mon doigt et si je ne mets pas ma main dans son côté, je ne croirai pas”

Huit jours après, les disciples de Jésus étaient de nouveau dans la maison et Thomas se trouvait avec eux. Jésus vint alors que les portes étaient fermées, se tint au milieu d’eux et dit: “Que la paix soit avec vous!”  Puis il dit à Thomas: “Avance ton doigt ici et regarde mes mains. Avance aussi ta main et mets-la dans mon côté. Ne sois pas incrédule, mais crois!”  Thomas lui répondit: “Mon Seigneur et mon Dieu!” Jésus lui dit: “Parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru”! »

Évangile selon saint Jean (20: 24-27)

Dans un cadrage serré et un éclairage latéral caractéristique, le Caravage illustre cet épisode avec drame et intensité. L’attention du spectateur est retenue par les mains de saint Thomas, qui insère un doigt dans la plaie située sur le flanc droit du Christ. L’expression de stupeur de saint Thomas trouve un écho dans les regards curieux des deux autres apôtres, toutefois plus en retenue. L’attitude du Christ, quant à elle, paraît indulgente. Ses stigmates sont également visibles sur ses mains, qui encadrent celles de l’incrédule Thomas.

 

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